Blogue

Marie Saint-Pierre — Créatrice d’ici

Dans cette série, notre collaboratrice Carolyne Brown part à la rencontre des Talents d’ici, nos commerçants phares qui prennent place au cœur du Centre Rockland. Partage, sincérité et proximité sont des mots qui résument ces entrevues. On vous invite à entrer dans leurs univers et découvrir l’humain qui se cache derrière chacun d’entre eux.

Rencontre avec Marie Saint-Pierre, Propriétaire de Maison Marie Saint-Pierre

Comment êtes-vous devenue entrepreneure ?

On ne devient pas entrepreneur, on est entrepreneur. Je pense que j’étais très jeune lorsque j’ai commencé à réfléchir à des idées de business. J’ai toujours été entrepreneure dans l’âme. Ce n’est pas quelque chose qui s’apprend, mais plutôt une vocation. Il faut avoir la flamme indépendante et attentionnée, être convaincu, avoir de l’assurance et s’imaginer qu’on peut conquérir le monde.

Comment est née votre entreprise ?

J’ai obtenu mon diplôme du Collège LaSalle en 1986 et j’essayais de me trouver des petits boulots en design. C’était une période un peu sombre pour la mode à Montréal. En 1987, je travaillais comme designer en consultation, mais je n’étais pas assez occupée. J’ai donc décidé de parallèlement dessiner quelques modèles de manteaux. Je suis allée proposer mes trois modèles à des boutiques qui les ont achetés et c’est comme ça que ça a commencé. C’était vraiment sur le coup d’essayer quelque chose, j’ai fait de belles ventes. Je ne connaissais rien au business, j’étais assez naïve sur le fonctionnement de l'industrie. Je pense que j’avais vendu 50 de ces manteaux et ça m’a permis de me prendre un tout petit atelier en bas de chez moi. La saison des manteaux terminée, je me suis demandé ce que j’allais faire. J’ai décidé de faire une petite collection d’une dizaine de pièces de coton et je me suis pris un plus grand atelier dans le Vieux-Montréal. Puis, j’ai installé mes machines de seconde main, je me suis fait un atelier et j’ai décidé d’inviter mes clientes pour pouvoir acheter en direct de l’atelier. Je me suis établie au fil des événements. Suite à la collection de printemps, j’ai monté un plan d’affaires parce que je me suis loué un local et j’ai signé un bail, alors il fallait que je surveille mes revenus.

Pourquoi avez-vous choisi ce domaine ?

J’étais clairement intéressée par la création, j’aimais beaucoup l’architecture et la mode. Ma mère avait un sens de la mode très aiguisé, elle était très chic et avant-gardiste. J’admirais ses choix vestimentaires, puis j’ai découvert le textile à travers les vêtements qu’elle achetait et j’ai développé une passion pour le tissu. La base de ma passion pour la mode, c’est vraiment la matière première, ensuite mes valeurs. J’avais envie de travailler pour les femmes, d’être quelqu’un qui allait développer l’entrepreneuriat féminin et l’assurance féminine. Le mouvement était aussi très important pour moi, je voulais faire quelque chose qui allait permettre de bouger. J’aimais l’idée de voir des femmes changer le monde avec des vêtements qui sont à la fois beaux, différents, mais aussi très performants.

Qu’est-ce qui vous distingue, votre marque de commerce ?

Ce qui me distingue, c’est que je travaille des matières techniques, des fonctions de design et j’ai une vision très personnelle de la mode. Je sais que je suis une leader dans les matières techniques (extensibles et de haute qualité) qui sont utilisées pour les tailleurs et les vestes. Ma vision est aussi de faire quelque chose qui ne soit pas du « porter et jeter », mais qui soit intemporel et porté d’une génération à l’autre.

Quel est le plus gros défi que vous ayez rencontré dans votre carrière d’entrepreneur ?

Chaque jour dans cette industrie est un défi. C’est une industrie extrêmement difficile, on travaille un an d’avance, on finance les collections et les revendeurs, il y a beaucoup de compétition, il y a beaucoup de grosses maisons qui ont un pouvoir de marketing incroyable. Le produit était l’aspect le plus important d’une marque de commerce, aujourd’hui, c’est le marketing. C’est la communication qui se passe avant tout, le produit est vraiment au deuxième rang. Pour ma part, j’ai toujours voulu créer des infrastructures et un savoir-faire à Montréal, en priorisant la qualité. J’ai une clientèle qui est très sophistiquée, j’habille des femmes extraordinaires de partout à travers le monde qui font de grandes choses. J’ai un plaisir à fasciner dans le vêtement parce que peu de marques le font. Les gens utilisent plutôt les vêtements comme outil de promotion, comme modèle de marketing pour vendre tous les accessoires possibles.

Racontez-nous une anecdote ou un événement cocasse de votre parcours d’entrepreneur.

C’est une anecdote d’une personne dédiée à son travail ; j’ai accouché de mon enfant et 48 heures plus tard, je partais à New York pour faire un défilé. Au moment où j’accouchais, il y avait mon équipe qui était à New York et qui m’envoyait des photos. Mon accouchement s’est si bien passé que je suis partie le matin et je suis revenu le soir. J’ai eu la chance d’avoir u enfant facile.


Quel est le plus grand apprentissage que lentrepreneuriat vous ait apporté ?

La flexibilité. Il faut être capable de s’adapter au changement. Tout a changé depuis que j’ai commencé, tout a basculé au niveau de la production, la façon de vendre, etc. Il faut être capable d’avoir une agilité, d’être athlète.


Quel est le plus grand apprentissage que l’entrepreneuriat vous ait apporté ?

La flexibilité. Il faut être capable de s’adapter au changement. Tout a changé depuis que j’ai commencé, tout a basculé au niveau de la production, la façon de vendre, etc. Il faut être capable d’avoir une agilité, d’être athlète.

Qu’est-ce qui vous garde encore passionnée ?

La création. D’être capable de pousser les choses plus loin, de faire en sorte que Marie Saint-Pierre soit une marque qui passe aussi à la deuxième génération et d’inspirer de jeunes entrepreneurs. Je pense que c’est de rester cohérent et surtout mes clientes qui me gardent là où j’en suis.

Que voulez-vous que les gens retiennent de votre entreprise ?

La plupart de mes clientes me disent que je fais partie de leur vie et que j’ai contribué à leur ascension, à leur succès et que j’ai aidé à passer au travers de moments heureux et difficiles. Beaucoup de mes clientes portent les vêtements Marie Saint-Pierre parce qu’ils ont des choses importantes à faire.

Quels sont les produits les plus populaires ?

J’ai des clientes très fidèles qui achètent beaucoup, mais évidemment, ce sont les tailleurs qui sont les meilleurs vendeurs. Ils sont faits de matières qui nous permettent de ne pas transpirer et ils sont faciles d’entretien.

Quel conseil donneriez-vous à un futur entrepreneur ?

De bien se connaître et de savoir ce qui nous rend vraiment heureux.

Quel est votre secret le mieux gardé ?

D’aller à l’intérieur de moi, de voir ce qui me fait plaisir, d’aller voir ce qui me motive à continuer, de rester toujours proche de mes valeurs, de ne pas me compromettre et d’être un esprit libre.

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour l’avenir ?

La pérennité. La pandémie de COVID-19 a mis en danger tout ce que j’avais construit d’une certaine façon et il y a beaucoup de travail à faire et à refaire. On a perdu beaucoup de plumes pendant cette période, c’est donc la fidélité et la pérennité de nos clientes que je nous souhaite.